Nuance de rose



Couleur paisible s'il en est. Impossible à nommer, au demeurant : parlerait-on d'une nuance rose, ce serait occulter la part de beige... parlerait-on d'une nuance de beige, ce serait ignorer son aspect roseâtre. On n'oserait pas non plus parler de "blanc cassé" : ce ton est trop coloré pour être comparé à du blanc.

Cette couleur évoque une matière fluide, molle, huileuse, un peu comme la substance d'un à-plat gras de peinture épaisse. Essaie-t-on de la penser comme la couleur de fond d'un espace dans lequel il faudrait respirer : on sent immédiatement que c'est impossible, qu'il y a quelque chose de laiteux dans ce ton qui empêche d'y voir de l'air, un horizon lointain, un espace.

J'ai dit "laiteux"... comment n'ai-je pas pu voir plus tôt que cette couleur avait aussi un goût ? Un goût de pâtisserie, un goût de lait-grenadine, un goût de pâte d'amande. Un goût sucré et doux. Un goût réconfortant.

Peut-être que cette impossibilité de respirer dans cette couleur et de la voir comme un espace vide et étendu est-elle due, précisément, à cette nature crémeuse essentiellement alimentaire, à cette matérialité pâteuse qui donne faim.

Mais... la même question revient sans cesse : a-t-on coloré la pâte d'amande ou la guimauve ainsi pour les rendre appétissantes, ou bien est-ce cette couleur qui rappelle la pâtisserie ?

Cette couleur est aussi celle de nombreuses maisons du Sud de la France... peinture épaisse et grasse, là encore.

Si ce ton était un bruit, ce serait le bruit d'une bulle de crème qui éclaterait mollement au moment de bouillir sur le feu. Ou n'importe quel son étouffé, gluant, bio-morphique, organique...






10/05/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 4 autres membres